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Entretien avec Margot Jacq, autrice de « Petit manuel de répartie écologique »

Entretien avec Margot Jacq, autrice de « Petit manuel de répartie écologique »

Comment convaincre de la nécessité de lutter contre le réchauffement climatique ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre Margot Jacq, formatrice sur les enjeux climatiques des territoires, en publiant « Petit manuel de répartie écologique » aux éditions Les Liens qui libèrent, le 27 mars 2024.

A rebours des discours portés par les nouveaux sceptiques (“Tu sais, c’est pas bien grave ce réchauffement climatique. Il y a toujours eu des fluctuations du climat, c’est juste un phénomène naturel !”), les immobilistes (“Arrêtez de me dire ce que je dois faire à la fin… C’est pas les petits gestes individuels qui vont nous sauver”), ainsi que d’autres du même type, Margot Jacq propose 35 réponses pour déconstruire ces idées reçues et convaincre tous ceux qui doutent encore de l’urgence d’agir.

L’Agence Locale de l’Energie et du Climat GPSO Energie, qui a collaboré avec Margot Jacq lorsqu’elle était directrice ville durable de la Ville d’Issy-les-Moulineaux, a eu la chance de s’entretenir avec elle à l’occasion de la sortie de son dernier livre. 

Qu’est-ce qui t’as donné l’envie d’écrire ce livre ?

L’envie d’écrire ce livre me vient à la fois de mon engagement associatif, mais aussi de mon métier, puisque j’ai travaillé en collectivité dans le secteur de la transition écologique. Il me vient également d’un sentiment de frustration à force d’être régulièrement confrontée à des discours climatosceptiques ou de déni face aux désastres environnementaux. J’ai notamment été confrontée à des personnes qui étaient carrément dans le déni du changement climatique, ou à d’autres que j’appelle « immobilistes ». 

[Note de l’ALEC GPSO Energie : dans son livre, voici ce qu’écrit Margot Jacq à ce propos : « Les immobilistes ont un point commun : ils sont particulièrement défaitistes et ils estiment qu’agir pour endiguer le changement climatique ne sert à rien tant notre marge de manœuvre est mince. Ils ne nient pas l’existence du dérèglement climatique mais trouvent toujours de bonnes raisons pour ne pas s’atteler à en réduire les causes. Car l’impuissance, c’est plutôt confortable »]. 

C’est contre cette impuissance que j’ai écrit ce livre, car celle-ci nourrit l’inaction. J’ai personnellement ressenti le besoin de m’outiller intellectuellement et verbalement pour répondre à ces discours anti-écologiques, afin de répondre plus efficacement à mes interlocuteurs.  

Récemment, le mot « écoanxiété » a fait son apparition dans le discours médiatique. Que reproches-tu à ce terme ? 

Je lui reproche d’être trop individualisant, et d’être trop souvent employé comme s’il s’agissait d’une pathologie individuelle que nous pourrions régler personnellement. On culpabilise l’individu qui, pourtant, ressent une peur légitime.  

[Note de l’ALEC GPSO Energie : dans son dernier livre, voici ce qu’écrit Margot Jacq à ce propos : « L’écoanxiété est aujourd’hui renvoyée à une pathologie personnelle, qu’il faudrait soigner à coups de séances de développement personnel ou de déconnexion médiatique pour se réconcilier avec le monde et vivre plus sereinement. Autrement dit, au lieu d’inviter les individus à s’organiser en collectif pour combattre la racine du problème, on les enjoint à se recentrer sur eux-mêmes »].  

Certes, je suis éco-anxieuse, mais je suis également éco-triste, éco-en-colère et éco-active ! A force d’utiliser ce terme, les médias invisibilisent les autres émotions qui nous assaillent. Or ressentir ces émotions est sain et rationnel. Par ailleurs, plutôt que d’éco-anxiété, je préfère parler d’éco-lucidité car j’estime regarder les problèmes en face. Je refuse le déni et je me confronte aux faits scientifiques qui, certes, ne sont pas joyeux ; bien que ce ne soit pas l’état du monde qui me rende anxieuse, mais plutôt l’inaction. Il y a deux types de peurs : celle qui paralyse, et celle qui met en mouvement. Choisissons la seconde, car l’action a justement cette vertu de nous rendre éco-enthousiaste !  

Dans ton livre, tu parles de « point de bascule sociale » : peux-tu nous en dire plus ?

Il s’agit d’un moment à partir duquel une minorité de personnes pèse assez dans le débat public pour imposer une idée qui est reprise dans le champ politique, car les hommes et les femmes politiques ont davantage à y gagner qu’à y perdre électoralement. Selon les études, ce seuil se situe entre 3 et 10 %. Concrètement, cela veut dire que si une personne sur dix s’engage en faveur de l’écologie, alors on peut espérer modifier la norme dominante et entraîner le reste de la population. Il y a par ailleurs des freins structurels qui poussent à la désinformation. C’est pourquoi le travail de pédagogie est si important : l’un des buts de ce livre, c’est justement d’apporter ma pierre à l’édifice en accélérant cette conscientisation, donc ce seuil de bascule sociale !  

Tu as été directrice ville durable de la Ville d’Issy-les-Moulineaux, et tu es également formatrice sur les enjeux climatiques des territoires. En quoi les villes peuvent-elles jouer un rôle-clé dans la transition écologique ?

Plus des trois-quarts de la population française vivent en ville, et cette seule donnée démontre à quel point les villes ont un rôle majeur à jouer dans la transition écologique. Les villes sont des territoires vulnérables du fait de la densité urbaine et de la densité de la population. Concernant les multiples vagues de chaleur et de canicule, les villes ont un rôle essentiel à jouer dans des politiques d’aménagement urbain comprenant la végétalisation de l’espace public, afin de substituer la nature au béton. C’est ce qui permettra aux villes de devenir résilientes faces aux chocs à venir. Il en va de même avec les inondations : le recours à des solutions végétalisées diffuses et bien intégrées dans le tissu urbain permet de déminéraliser les sols, absorbant ainsi le surplus issu des ruissellements. De même, il est de plus en plus nécessaire de remettre de la biodiversité dans nos villes en vue de recréer des corridors écologiques et reconstituer des petits écosystèmes.  

Plus généralement, les villes doivent repenser l’aménagement de leur territoire. Il faut renforcer les transports en commun, la mobilité douce, créer des pistes cyclables pour désinciter à prendre la voiture individuelle, et d’innombrables autres mesures simples et efficaces qui font des villes des acteurs essentiels de la transition écologique.  

En quoi l’action de l’ALEC GPSO Energie te semble essentielle pour aider les villes dans leur transition écologique ? 

L’ALEC GPSO Energie joue un rôle essentiel car les villes sont composées d’habitants, et qu’il faut accompagner ces habitants. Mettre en place des panneaux photovoltaïques, végétaliser ses parois, isoler son logement, etc., toutes ces démarches demandent des investissements importants, qu’ils soient financiers, techniques ou administratifs. Le travail des experts de l’ALEC GPSO Energie est indispensable pour faciliter ces démarches et rendre cette transition énergétique la plus douce possible. En ce sens, le Guichet unique de Grand Paris Seine Ouest est un outil crucial pour conseiller et accompagner ces personnes désireuses de rénover leur habitat avec des matériaux biosourcés. De plus, en accompagnant par exemple des personnes vulnérables qui habitent au dernier étage d’un immeuble et qui sont le plus exposées aux fortes chaleurs, l’ALEC GPSO Energie permet de lier justice sociale et justice écologique.  

Les solutions techniques, nous les avons à disposition. Les experts de l’ALEC GPSO Energie sont justement là pour accompagner la mise en mouvement des habitants et faciliter le changement. En ce sens, les collectivités jouent un rôle majeur en prenant en partie en charge les investissements nécessaires à la transition.  

Au-delà des aspects financiers, il nous faut rendre cette transition désirable et susciter l’engagement croissant de la population sur ce sujet pour relever collectivement les nombreux défis qui se posent à nous.  

L’avis de l’ALEC GPSO Energie : L’ouvrage est agréable à lire et instructif, avec un style accessible à tous. Contre les différentes formes de scepticisme qui sous-estiment la nécessité d’agir contre le réchauffement climatique, Margot Jacq répond de manière claire et précise, vulgarisant un sujet qui est encore trop souvent mal compris. L’ALEC GPSO Energie recommande donc vivement la lecture de ce livre, que vous retrouverez dans toutes les bonnes librairies de France !

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