Du 6 au 18 novembre a eu lieu la 27ème conférence des parties, COP27, à Sharm El-Sheikh en Egypte. Dans une année particulièrement marquée par des événements climatiques extrêmes, des inondations au Pakistan à la sécheresse et les incendies en Europe, les 196 Etats ont été réunis par les instances onusiennes pour discuter des politiques mondiales à mener en termes de climat. L’ALEC vous propose de passer en revue les sujets abordés lors de cet événement.
Où en est-on des émissions de Gaz à effet de serre (GES) ?
L’accord de Paris signé en 2015 vise un objectif d’augmentation de température de 1,5°C (par rapport à l’ère pré-industrielle) et d’ici la fin du siècle. Pour atteindre cet objectif, une certaine quantité de GES maximum émissible a été calculée par les scientifiques du GIEC. Chaque Etat doit donc faire remonter ses ambitions de réduction annuelle, appelées contribution nationale ou NDC en anglais. Malheureusement, les contributions actuellement transmises nous amènent à une augmentation entre 2,6 et 2,8°C et seuls 24 pays ont communiqué leur mise à jour au cours de l’année 2022. De plus, en-dehors d’un objectif clair de réduction du charbon initié à la COP26 de Glasgow l’an dernier, aucune mention au gaz et au pétrole n’était faite dans le texte de l’accord.
Un nouveau mécanisme financier à l’étude
Les discussions autour d’un marché carbone mondial ont démarré lors de la COP26 à Glasgow l’an dernier. Inspiré du fonctionnement du marché européen, il vise à permettre aux pays et entreprises qui sont performants en réduction de gaz à effet de serre, à vendre leur surplus de gain sur un marché international pour compenser les pays les moins avancés. Les échanges à la COP27 ont eu pour but de définir plus précisément son fonctionnement entre les Etats et entre entreprises et Etats. De nombreuses ONG, dont le CCFD-Terre Solidaire, dénoncent des droits à polluer et les inégalités Nord-Sud pour les pays et entreprises qui ont recours à ce mécanisme.
La justice climatique au cœur des débats
Avec une COP organisée enfin sur le continent africain, après 6 ans de COP tenues en Europe, le sujet de la justice climatique a eu une place centrale. Deux mécanismes sont en discussions à différents degrés d’avancement.
Le premier concerne un fond vert pour l’adaptation versé par les pays du Nord aux pays du Sud. Il a été décidé à la COP15 de 2009 à Copenhague avec un objectif de 100 milliards à partir de 2020. Il a atteint péniblement 83 milliards en 2020, en partie sous forme de prêt, et n’est pas sécurisé dans les textes pour les années qui suivent.
L’autre sujet qui prend de l’ampleur concerne les Pertes et Préjudices. Ce terme juridique désigne les conséquences irréversibles du changement climatique qui rendent inhabitables certaines régions du monde comme la submersion des états insulaires ou bien la désertification. Les pays pauvres étant très largement plus impactés et plus dramatiquement que les pays riches, ce sont eux qui devraient bénéficier d’aides pour se relever face à des événements destructeurs. A la fin des négociations, le terme a été reconnu par l’ensemble des parties prenantes, ce qui est une avancée historique. 12 gouvernements et l’union européenne sont parvenus à débloquer 360 millions de dollars pour financer ces cas de figure. Un début encourageant mais qu’il faut comparer aux 30 milliards de dommages estimés pour les inondations au Pakistan cette année et les 580 milliards de dommages chiffrés par les scientifiques chaque année dans le monde à partir de 2030.
Le choix de l'Egypte et des sponsors
De nombreuses ONG ont critiqué le choix de l’Egypte pour accueillir la COP. En effet, le régime répressif du Maréchal Al-Sissi n’a pas permis de donner la parole à la société civile, qu’elle soit égyptienne ou mondiale. Peu de mobilisations sur place ont pu se tenir dans un contexte de militantisme très surveillé.
Les associations ont également critiqué le choix des sponsors de l’événement. En effet, la société Coca-Cola, premier consommateur de plastique au monde, ou encore la compagnie aérienne EgyptAir font craindre une entreprise de greenwashing et un lobbying en faveur des énergies fossiles.. Au total, plus de 600 lobbystes des énergies fossiles étaient présents !
Une note d'espoir
Le futur président du Brésil Lula, qui prendra ses fonctions au 1er janvier 2023, a annoncé une politique de zéro déforestation pour l’Amazonie. Après 4 ans de mandat de Jair Bolsonaro, qui ont été marqués par une sortie de l’accord de Paris et une accélération de la déforestation ainsi que la répression des militants écologistes et des peuples indigènes, cette annonce a fait partie des rares avancées dans les négociations.
Le rendez-vous a été donné pour la COP28 l’an prochain à Dubaï aux Emirats Arabes Unis. En tant que troisième pays producteur de pétrole, il parait difficile d’imaginer une COP fructueuse qui parviendra à fixer des objectifs de réduction des énergies fossiles… Affaire à suivre !
Difficile d’imaginer le 3ème pays producteur de pétrole parviendra à fixer noir sur blanc un objectif de réduction des énergies fossiles.
Crédit photo : Photo de Matthew TenBruggencate sur Unsplash